Pourquoi la pratiquant d’aïkido ressent-il instinctivement toujours une certaine attirance pour la pratique du ken et plus spécifiquement du Iaïdo ? Bernard Monneret, 6ème dan et fondateur du CLAM nous explique :

En fait , l’aïkido comme quelques unes des autres disciplines du Budo, se réfère des temps anciens ou la survie d’un samouraï, (voir du rônin), ne tenait essentiellement qu’à son habileté dans le maniement de son katana et de sa faculté à apporter une réponse juste et proportionnelle à l’agression encourue.

Nos civilisations occidentales ne dérogeaient pas à cette coutume primaire,et le gentilhomme au même titre que le mousquetaire,avait fréquemment à « ferailler » pour justifier de sa compétence ou rétablir, sinon venger son honneur bafoué.

Quelques fois ils allaient même jusqu’à provoquer en duel tout seigneur ayant eu un différent quelconque avec eux_même.

Mais revenons à ce qui semble être l’héritage de notre passé.

Il es vrai que cette époque dans laquelle la valeur d’un être se mesurait à son efficacité dans la maîtrise des armes, semble être heureusement révolue.

Pourtant l’homme a dû être amené, dés les temps préhistoriques, à se préserver des bêtes sauvages ou des clans ennemis; à proteger son intégrité, par le truchement d’armes rudimentaires confectionnées de ses propres mains et à apprendre à les utiliser efficacement.Ces travaux minutieux de fabrication et d’études stratégiques, ont trés certainement contribué à lui faire acquérir un sentiment d’unité dans son comportement:unité psychique et corporelle…une forme de centrage – par rapport à lui même et par rapport aux autres.

Indépendamment de toutes les techniques fondamantales propres à chaque spécialité, que ce soit le Iaïdo, (et ses différentes écoles), le Ken Jutsu, l’Aïkiken et autres nombreuses variantes.La pratique du Ken,comme celles des autres armes dérivant également du combat: la lance, l’arc (kyudo), permet de prendre conscience ou développer : nous même ,dans toute notre complexité

Elle permet d’atteindre une forme de coordination dans laquelle s’unifie , se globalise : l’exécutant , son arme , l’action à accomplir ,le partenaire ou l’adversaire , cela au travers d’un simple geste. De mieux comprendre des valeurs communes, telles que Zanchin, (cette présence dans l’action), le De-Aï et le timing, ces instants de rencontre déterminants avec l’autre!

En somme , cette pratique permet de réaliser partiellement cette complexe unité psychique et physique, (relation corps/Esprit), objectif plus ou moins avoué de toutes les disciplines d’Arts martiaux ?…

Diverses expressions classiques confortent cette idée telles que celles fréquemment entendues;

– Le Iaï : c’est tout simplement apprendre à dégainer et rengainer… ( aucune autre mention sur ce qui doit se dérouler entre temps , devant obligatoirement être à l’avenant, en , phase, avec ces deux extrème ; au même titre que la naissance , la vie et la mort, ne sont que des composantes du parcours de chacun). Peut être qu’il sous entend, en s’intercalant entre ces deux phases , un geste précis , dont l’instantanéité n’est plus perceptible?.

-Couper , treancher l’adversaire réel ou virtuel , implique avant tout de << couper>> trancher notre propre Ego…. expression rejoignant celle de pouvoir se vaincre soi même avant toute action et espérer vaincre son adversaire.

Il est à observer que le simple geste d’enserrer son arme, son Ken , correctement va l’intégrer à notre personnalité et à notre environnement.

Indépendamment de toute technique , ce simple fait , complété de quelques tsuburi ,(mêmes imparfaits), va réguler en soi tous sentiments contradictoires , qu’ils soient colériques ,dépressifs ou agressifs,de doute ou de simple stress…Il va nous permettre d’acquérir un état de calme , de maîtrise de la pensée ou de l’action…De générer une sorte de force tranquille , sans doute conséquence de cette unité intérieure.

Cette pratique du sabre est ainsi à 100% intériorisée .Elle va donc compléter , affiner notre personnalité, notre « mental « .

Lorsqu’elle intervient face à un partenaire elle se dilue partiellement, en % variable ,selon la rigueur technique ou l’intensité de l’action de l’autre.Exactement comme on le retrouve durant notre étude de l’ aïkido et selon ce nous y cherchons et y apportons.

Mais cela reste néanmoins excessivement positif pour bien réaliser le sérieux de l’état mental nécessité dans chaque..

Observez un groupe faisant » tsuburi » ponctué d’un leger kïaï ,l’atmosphére du lieu se modifie et la concentration devient presque palpable .

Il semblerait en conclusion donc, pour une juste progression(dans tous les domaines et bien audelà des seuls Dojo) , que l’on est en droit d’attendre de notre discipline fondamentale effectivement très important ( et conseillé), que nous complétions les bienfaits de notre pratique courante , par un travail intérieur sur nous même ,que peut parfaitement nous apporter celui fait avec le ken , qui agit comme un catalyseur, comme une sorte de méditation dans le mouvement , comme une prise de conscience de notre force intérieure qui pourrait bien être : ce fameux KI…

Réflexions personnelles sur ce sujet faites en mai 2007, provoquées par 60 ans de pratique et d’observations.

Bernard Monneret.