Introduction :

Comment et pourquoi les techniques peuvent être à la fois justes et différentes suivant les Senseï ?

L’Aïkido est régi par des principes, qu’on pourrait tenter de définir comme des règles d’action essentielles (constitutives) et toujours vraies (impératives). Plus concrètement, chaque mouvement d’Aïkido doit impérativement comporter certains concepts techniques (= les principes) qui rendront ce mouvement juste.
Cette vérité s’apprécie notamment en fonction du respect de la physiologie et de l’aspect martial (efficacité).

Plutôt que d’apprendre à bouger le pied de 48 cm, puis le bras suivant un angle de 30° … On préfèrera travailler sur des principes, qui, s’ils sont respectés, permettront d’effectuer une techniques toujours juste quelles que soient les caractéristiques physiques (taille, poids, sexe…) ou mentales (personnalité) du pratiquant.
C’est pour cette raison qu’autant de pratiquants que d’Ikkyos différents, pour peu bien sûr que certaines règles soient respectées !

Je vous propose 6 principes que je considère comme essentiels, sachant que cette liste n’est pas exhaustive.

 » Les 6 principes  »

1)° HARMONIE :

Base et fondement de l’Aïkido, à tel point que ce principe constitue le premier idéogramme du mot AI-KI-DO. On pourrait presque remplacer ce terme par le mot ensemble.
Ceci implique de :

– bouger et se déplacer avec et en même temps que son partenaire.
– proportionnalité : s’adapter à la puissance et à la vitesse de l’attaque, tout autant qu’à la taille et à la forme physique de son partenaire.
– Sensibilité à travers le contact et connexion établie.
Ki Musubi est la liaison-connexion au minima de hanche à hanche basée sur le contact ; l’Harmonie en découle..
Exemple : projection brusque et disproportionnée sur une attaque douce et faible.

2)° INTEGRITE :

capacité de garder son potentiel et de préserver
Ceci implique tout autant UKE : engagement dans l’attaque sans être suicidaire, savoir chuter, capacité à suivre et
garder le contact, ne pas se mettre en position de danger (atémi ou physio. )
que TORI : ne pas blesser uke (respect de la physiologie articulaire) et soi même, rester droit et attitude en générale, respect et vigilance )

Exemple : projection Shiho nage pas dans l’axe de flexion du coude et => blessure

3)° DESEQUILIBRE :

Soit sur l’avant => chute avant / soit sur l’arrière => chute arrière ,et avec un amené au sol en immobilisation ou en projection.

Il s’agit de la finalité et de la construction des mouvements. On pourra parfois enchaîner plusieurs déséquilibres avant la conclusion de la technique en utilisant des notions d’action-réaction. Ce principe est indissociable du principe suivant de continuité.
Pour Uke, accepter le déséquilibre et la chute.

(Vous avez déjà compris qu’on cherche plus à être roseau que chêne )!

4)° CENTRAGE :

capacité à travailler :
– sur un plan frontal devant son centre (ligne médiane)
– et sur un plan sagittal : aligné proche de l’axe vertical du corps.
Ceci implique concrètement de travailler devant ses hanches, faire face, utiliser les lignes optimales de force
Exemple : ikkyo ura en ayant tourné trop tôt le corps

5)° CONTINUITE :

pas d’arrêt pour Tori comme Uke.
Le principe de Ki-nagaré (continuité du Ki), comme en Taï chi ou en musique, implique un déroulement fluide et continu, ce qui n’exclue pas des impulsions ou certaines fixations.
Tout arrêt permet à Uke de retrouver son équilibre et son potentiel d’attaquant.
Exemple : sur irimi nage, marquer un arrêt après le 1er déséquilibre => Uke retrouve son équilibre.
Et un 6ème principe, moins traditionnel et plus personnel !

6)° AVEC TOUT LE CORPS RELACHE à minima :

ne pas travailler qu’avec les bras !
Principe complexe et complet – tout le corps doit participer au mouvement : bien sur le travail des hanches et du bassin, moteur de l’action. Mais, et c’est là la difficulté : il ne faut ne pas oublier le travail du dos et des jambes, sans exclure jusqu’à la nuque et les appuis au sol…
La solution ne peut passer que par une approche globale de la structure dans son ensemble. On utilisera les outils suivants : les spirales, les oppositions et élastiques dans les 6 directions, les 3 liaisons (cheville-poignet, genou-coude, hanche-épaule), l’intention, le relâchement …
De seul le relâchement (différent de la souplesse) peut naître la vitesse et la puissance.
Elle concerne aussi bien tori que uke individuellement, que dans leur relation mutuelle. Un petit exemple éclaircira mes propos : sur Ikkyo, tout mon corps et pas seulement mes bras agiront en synergie dans le même but de déséquilibre. Et également, on recherchera une action non uniquement sur les bras du partenaire, mais sur son centre de façon à le mobiliser des pieds jusqu’à la tête.
Cette recherche concerne aussi uke. ex. : la chute engage tout le corps, et tout le corps est au service de la saisie et du Ki Musubi.
Un modèle et maître : le chat !
Dernier exemple: dans un mouvement de fermeture de bras, les articulations du poignet, du coude, de l’épaule, mais aussi du sternum, de la hanche et jusqu’à la cheville seront sollicitées.

 

Olivier BESSON,
Enseignant Club AM4 à Lyon 4ème.